Suite à la décision de la Municipalité d’Istanbul de détruire le parc de Gezi, situé dans le quartier de Taksim à Istanbul, dans le but de le remplacer par un centre commercial, les Stambouliotes se sont appropriés leur espace et se sont exprimés suite à l’exclusion de l’opinion du peuple lors des décisions concernant leur ville. Comme dans toute société démocratique, le peuple a fait appel à sa liberté d’expression et de réunion en occupant les lieux de façon pacifique. Les forces de police ont répliqué en faisant usage de grenades ou de gaz lacrymogènes le 30 puis le 31 mai. Cette démonstration de force et de violence autant excessives que disproportionnées n’a fait qu’accroître le soutien de l’opinion public et s’est manifesté d’une part par l’émergence de « sujets tendance » #direngeziparkı et #occupygezi sur Twitter et de l’autre par la création de divers groupes sur Facebook sous la banderole « Protégeons le parc Gezi ». L’après-midi du 31 mai, suite à l’intensification des violences policières contre les citoyens exerçant leur droit de manifester à Taksim, les protestations citoyennes se sont répandues dans plusieurs villes. Lors de ces événements, les médias traditionnels ont tenté de passer la violence policière sous silence en raison des liens forts entre leurs capitaux et le gouvernement ou simplement de leur peur de la réaction intolérante d’AKP à toute critique socio-politico-culturelle ou économique. Lorsque les médias ont couvert les événements, ils n’ont pas endossé un autre rôle que celui de rapporter fidèlement le discours officiel, provocateur et intolérant des dirigeants, sans se remettre en question. En réaction à cela, les citoyens de tous les coins de la Turquie se sont retournés vers Internet et en particulier vers les réseaux sociaux Facebook et Twitter, pour s’informer sur les événements. L’après-midi du 31 mai, la manifestation contre les violences policières ayant débuté et poursuivant à Istanbul sur la place Taksim fut organisée de façon solidaire sous les hashtags #direngeziparkı et #occupgezi,. De la même manière, les citoyens qui se sont rassemblés de façon paisible sur les places, et notamment dans le parc Kuğulu à Ankara et Güven à Izmir, ont été confrontés à l’usage disproportionné des violences policières reflétant ainsi l’application du pouvoir coercitif de l’État.
Par la suite, l’usage des médias sociaux s’est intensifié pour diffuser, dénoncer au public la violence des forces de la police et lancer des appels à l’aide au sein de chaque ville concernée.
À ce stade, les médias sociaux en Turquie s’est transporté dans les places, et la séparation habituelle médias sociaux – rues fut outrepassée. Le silence prolongé des radios et télévisions grand public, malgré le grand nombre de citoyens descendant dans la rue, a poussé ces derniers à se retourner vers les médias sociaux comme seule source d’information.
Le pourquoi et le comment de la démarche journalistique citoyenne par la médiation des médias sociaux #korkakmedya et #bugüntelevizyonuaçmıyoruz
Le 31 Mai, à Istanbul, la violence policière ayant duré toute la nuit, s’est propagée de Taksim à Beşiktaş poussant encore plus de citoyens, hommes ou femmes de tous âges, appartenant à différents corps de métiers et de visions ou d’appartenances politiques diverses à protester dans les lieux publics, sans organisation préalable, contre les violences policières ainsi que l’absence de volonté politique du gouvernement.
Face à la croissance de la violence policière, des balises spécifiques à chaque ville ont été crée sur Twitter pour se solidariser, coordonner les appels d’aide, diffuser les besoins urgents émanant de milliers de manifestants, documenter et collecter les preuves de la violence policière et surtout assurer un relai d’information vers les personnes ne pouvant les suivre qu’à travers les médias sociaux.
Les murs Facebook ont été le relai indéniable d’un très grand nombre d’images et de vidéos prises sur les lieux en permettant de documenter les preuves des violences policières. Les informations concernant la coordination de l’assistance médicale ainsi que la localisation des abris mise en place pour les victimes des bombes lacrymogènes furent également véhiculées via Facebook. Les citoyens ont ainsi comblé le silence des médias grand public par le biais des médias sociaux. C’est pour la première fois que la communication de masse autocentrée a connue une si forte participation en Turquie.
De nouvelles balises ont été développées au fur et à mesure des événements. Lorsque le samedi 1er Juin, les usagers du fournisseur d’accès TTNET ont constatés qu’ils ne pouvaient plus accéder à Twitter et Facebook, des nouveaux balises #VPN et #DNS ont vu le jour permettant aux usagers de partager les moyens de contourner l’obstacle DPI que TTNET applique de façon officieuse en Turquie. Ceci a occasionné un partage de connaissances autour de l’utilisation de l’Internet.
Dans les médias sociaux, une communication de masse autocentrée a également vu le jour à travers diverses applications de téléphonie mobile. Ce journalisme civil apparu suite à une communication de masse autocentrée est la preuve de sa nécessité en Turquie où les médias grand public sont sujets à la censure et à l’autocensure sous le régime d’AKP.
Concernant les bénéfices et les disfonctionnements de l’usage des médias sociaux lors des regroupements
L’analyse de cet événement historique que l’on pourrait nommer “Le mouvement du parc de Gezi ”, laisse entrevoir des dynamiques importantes quant au rôle facilitateur des médias sociaux lors des mouvements de regroupement. Internet et surtout les médias sociaux se sont imposés comme une plateforme de communication et d’interaction indispensable aux manifestants des différentes villes de toute la Turquie. Les efforts fourni par les individus sensibles au mouvement ont permis d’atteindre rapidement un grand nombre de personnes en les consultant et en engendrant une opinion publique, sans aucune contrainte temporelle ou spatiale. Cela a permis de se rassembler pour premièrement protéger le parc avec un but commun et ensuite de se manifester sur les lieux publics. Ces actions se sont propagées aux quatre coins du pays hors du contrôle de ceux en dehors du mouvement grâce à l’effet foudroyant des réseaux.
Ainsi, la tranche de la société n’ayant pas pu participer à la gestion ou n’ayant pas pu exprimer leur opinion en raison de l’attitude hégémoniste adoptée par le gouvernement a bénéficié des possibilités offertes par les médias sociaux de la façon suivante:
1. En vue des médias grand public qui se sont prosternés devant le gouvernement en les soutenant par silence, nous avons assisté non seulement à l’usage de l’interactivité du média comme l’unique et l’inconditionnel alternatif mais également à sa célébration.
2. La convergence des différents environnements du média (Facebook, Twitter, Instagram, parmi les plus connus) a permis le partage des médias et textes de façon simultanée et plurilatérale tout en créant des slogans très créatifs.
3. Le journalisme civil a permis la circulation d’un flot d’informations dénonçant l’attitude conflictuelle ainsi que le violences policières excessives en engendrant des preuves, blogs et citations (avec Eksisozluk en tête). Des bases de données se mettant à jour rapidement ont été établies.
4. Lors des situations d’urgence, les informations ainsi que leurs sources ont été partagées avec une grande efficacité par l’intermédiaire des programmes en accès libres. Ces programmes ainsi que leurs codes sources ont été partagés dans les médias sociaux.
5. Des informations à propos des réglages DNS et VPN en accès libre ont été propagées pour contrecarrer le danger d’un blocage d’Internet ou des dispositifs de médias sociaux.
6. Mis à part tout son sérieux, sa gravité et sa fonctionnalité, Internet et les médias sociaux ont joués un grand rôle dans la conservation de l’air carnavalesque du mouvement et de la résistance. Les réseaux sociaux et Internet ont également endossé le rôle d’une machine d’ironie contre le découragement et l’effondrement par les utilisateurs ayant subit des violences excessives, ayant été blessés, placés en garde à vue ou ayant perdu des proches. L’humour dénonçant l’oxymore vécu avec le gouvernement a été utilisé de façon ingénieuse pour un renversement symbolique du gouvernement. Le renversement des symboles et expressions émanant du gouvernement, ainsi que des codes, des nom sociaux et d’enseignes (“LeParcQuiFrappe” (“DövenPark”), “Hilmi au TOMA” (“Tomalı Hilmi”), “GazıLay”, “Véhicule d’Intervention aux Evénements de la Police à vendre par son propriétaire” (“Sahibinden Satılık PolisOlaylarınaMüdahaleAracı”) a joué un rôle indéniable dans le “dépassement du seuil de la peur” même dans les moments les plus sombres. Des exemples de panneaux d’imaginaire grotesque soutenant cet air carnavalesque se sont multipliés: un chien disant “je chierai dans le centre commercial à défaut d’un parc” ou “un gouvernement laissant fuir autant de gaz n’est pas loin de se chier dessus”. Les témoignages de récits comiques diffusés sur Internet ont permis la formation de mythes propre à la résistance. Le langage unificateur et guérisseur de l’humour et de l’ironie ont trouvé écho dans le jargon des manifestations. Les manifestants ont utilisé de façon exemplaire le pouvoir rassurant et réparateur de l’humour contre la rage et la haine. Certains ont appelé la police pour commander des bombes lacrymogènes, d’autre le service clientèle de CNN-Turc pour annoncer “qu’ils étaient à la manifestation et qu’ils ont raté le documentaire sur les pingouins”. Cependant, le contenu sexiste, insultant et discriminatoire de certains panneaux, écritures murales ou objets humoristiques doit être noté comme un mauvais point. Voici des adresses rassemblant des contenus humoristiques:
http://duvardageziparki.tumblr.com/
http://ismetberkan.blogspot.com/2013/06/bu-da-eylemin-duvar-yazlar-arsivi.html?spref=tw
Malgré l’atmosphère ouverte à la discussion et à l’interaction en direct des médias sociaux, des pratiques d’usages des médias sociaux hors éthique, ayant pour but de détourner la position idéologique du mouvement civil de “Protège le Parc de Gezi” a fait surface.
1. Quand il est question de mouvements sociaux qui se cristallisent à travers l’organisation distribuée et décentralisée des réseaux, l’afflux d’information prend une ampleur anormale, ce qui peut provoquer des nuisances à la compréhension des faits et de l’état du mouvement.
2. Le fait que les environnements collectant et rassemblant l’afflux d’informations soulevé ci-dessus soit nombreuse et manquant d’actualités peut provoquer un doute quant à la confiance à attribuer à ces ressources lors des actions et coordinations.
3. à cause de l’utilisation des hashtags, la liberté de partage illimitée et la possibilité de réaction engendrent la production de visions radicales ainsi qu’à leurs proliférations, il a été possible de rencontrer des messages de haines et d’appel au crime.
4. En Turquie, des censures et des interventions à l’afflux de données ont été appliqués à intervalles réguliers par ceux détenant le pouvoir dans les réseaux sociaux; le fait que cette censure puisse être vécue en temps-réel pendant les mouvements sociaux peut engendrer une panique au sein de la masse.
5. Surtout dans le média de Twitter, sous le nom de “Trending Topics” (sujets tendances) des informations erronées ou transformées ont été mises en circulation, ce qui peut contribuer à affaiblir la confiance sociale envers les chefs de convictions et les journalistes civiles.
Certains usagers ont essayé de tromper l’opinion publique en utilisant les balises créées dans les réseaux sociaux. En particulier, certains contenus concernant des blessés graves ou des nouvelles de décès a été sujet à des tentatives de manipulations de la part des usagers de réseaux sociaux dû à la rapidité et à l’interactivité inhérentes à ces derniers. Des contenus canular dénonçant la démission de certains policiers suite à l’usage excessif de la violence ont aussi été partagés dans les réseaux sociaux. Il a été démontré que des numéros de téléphones portables ou autre précisant des adresses de refuges et de soutiens communiqués aux blessés n’étaient pas fiables et que ces tromperies avaient été menées par la police.
L’importance du “leadership d’opinion” et de la crédibilité de la provenance de l’information a encore une fois était soulevée. Les tweets et les partages des spécialistes, des adhérents du vieux médias traditionnels ayant adoptés les nouveaux médias, des artistes et des députés (surtout de Sirri Süreyya Önder de BDP) soutenant la plateforme “Protège le parc de Gezi” prévenaient les citoyens de la désinformation en partageons les justes informations. Pour contrecarrer l’absence d’éthique lors de l’usage de des médias sociaux, l’usager, doit garder son sang froid et trancher quant à la fiabilité de la source en la vérifiant au moins deux fois avant de le partager. Le fait que les médias grand public n’aient pas accompli leur mission a provoqué la désinformation dans les réseaux sociaux.
Précisons le succès des hashtags #direngeziparkı, #direnankara et #direnizmir en ce qui concerne le rassemblement des preuves de l’usage excessif et disproportionné des violences policières, en partageant, en recherchant des informations ayant permis de naviguer de lien en lien avec les Url. Un réflexe a ainsi été développé grâce à ces contenus de bonne qualité contre la désinformation. La nécessité de collecter des preuves, des documents, des images, des vidéos au sujets des violations des droits de l’homme, des décès, des blessés, des attaques, des coupures de connexion, de l’usage de produits chimiques etc. a été saisit in situ et a été effectué par le biais des appareils de nouveaux médias, principalement les téléphones portables, les smartphones et les tablettes par les citoyens actifs dans l’espace public et a ensuite été partagé, grâce à la caractéristique de convergence de la technologie, de manière simultanée avec leurs abonnés à travers leurs comptes des réseaux sociaux, regrouper par le biais des hashtags ce qui a permis la propagation de ces contenus.
Voici des exemples :
Cartes
http://occupygezimap.com/
https://maps.google.com/maps/ms?ie=UTF8&hl=en&oe=UTF8&msa=0&msid=207368859026831467268.0004de2d26a9994c4487d
https://maps.google.com/maps/ms?msid=206122379597057837901.0004de19c2ae58890f32d&msa=0&ll=40.446947%2C36.320801&spn=14.618272%2C33.815918
http://www.itusozluk.com/atlas
https://crowdmap.com/map/turkiyebahari
Preuves de la violence excessive et disproportionnée
http://delilimvar.tumblr.com/
http://direnizmir.tumblr.com/post/51971813039/izmirde-polis-gercegi-birinci-agizdan
Contact: Boğaziçi Radyo
http://live.arkent.web.tr/
Transmission mobile via Ankara:
http://www.ustream.tv/channel/ozererdogan?utm_campaign=ustre-am&utm_source=14648115&utm_medium=social
http://www.ustream.tv/channel/uguroz?utm_campaign=t.co&utm_source=14664261&utm_medium=social
Tant que l’Internet mobile à haut débit fonctionne, les diffusions en direct réalisées à travers les plateformes de live streaming comme Ustream, font d’une part ce que les médias traditionnels n’arrivent pas à faire (ou ne font pas), et permettent de dépasser d’autre part, la désinformation sur les réseaux sociaux. Lorsqu’il n’est plus possible de faire cette transmission en direct, l’enregistrement et la centralisation d’un grand nombre de vidéos et de photos jouent un rôle crucial dans la constitution d’un corpus de preuve. La question est ainsi celle de la difficulté de faire ces enregistrements lors des interventions et/ou des émeutes. Pour que les enregistrements partiels de ces moments de panique puissent constituer une preuve valable, il est nécessaire de les réunir et assembler les différents points de vue a postériori. Il s’agit ici d’un nouveau type de contenus, ceux produits par les utilisateurs que l’on peut appeler prosommateur (issu du mot anglais prosumer, qui décrit la professionnalisation des consommateurs dans la production de l’information). La production de contenu par les utilisateurs en Turquie ne saurait que croître dans ce contexte où les médias traditionnels refusent de couvrir les événements et appliquent l’autocensure.
Le rôle des médias sociaux dans la lutte contre l’inégalité de l’information
Le plus grand avantage des gouvernements lors des mouvements citoyens pacifistes réside dans l’inégalité de l’information (information asymétrie). C’est le fait que les informations soient centralisées par le gouvernement, et ne soient pas transmises vers les citoyens qui s’opposent en se servant de leur droit civil, à celui-ci. L’information en question peut être aussi bien d’un niveau macro, que d’un niveau micro. Au niveau Macro, ces informations consistent aux analyses faites à l’échelle nationale et internationale, et aux actualités dans les autres régions géographiques. Au niveau Micro, se situent les informations à propos de l’état des blessés, des directions pour s’échapper ainsi que la localisation des forces policières.
Le gouvernement peut généralement accéder sans difficulté, aux informations tant au niveau macro que micro. Dans cet environnement où les moyens de communications sont abondamment utilisés par les citoyens, les forces policières qui obéissent à une organisation verticale, tentent de réprimer les mouvements civils par la violence ou la menace de celle-ci.
Toutefois, cette organisation n’est pas valable dans le cas des citoyens. Dans la plupart des cas, les citoyens qui suivent une démarche pacifiste, ne se connaissent pas entre eux. C’est une des raisons pour lesquelles leur capacité à communiquer avec ces niveaux micro et macro à travers les outils numériques est limité. Les médias traditionnels tels que la télévision ou la radio représentent les principales sources d’information au niveau macro. Cependant, le droit de s’informer des citoyens n’est pas respecté de la même façon dans différents pays.
Ces dernières années, ce phénomène est en train de se transformer. Le développement des réseaux sociaux rapproche progressivement les moyens de communication des citoyens à ceux des gouvernements, qu’il s’agisse d’un niveau macro ou micro. La prolifération des appareils mobiles possédant une connexion Internet a augmenté de façon extraordinaire la capacité d’action aux moments des événements. Les applications comme Twitter et Facebook ont participées à franchir la difficulté qu’avaient auparavant les citoyens à se connaitre entre eux. Contrairement aux outils de communication bidirectionnelle comme les téléphones portables, les applications web comme Twitter diffusent un message à un nombre illimité, satisfaisant ainsi parfaitement les besoins des citoyens en informations, à la fois aux niveaux macro et micro. Toutefois, cela reste valable uniquement pour les utilisateurs d’Internet. Une très grande part de la population qui n’a pas accès à Internet dépend encore des informations fournies par les médias traditionnels.
Dans le mouvement de la protection du parc de Gezi, les citoyens ont détournés l’inégalité d’information contre le gouvernement, en leur propre faveur. Ayant joués un rôle important lors des soulèvements Arabes et le mouvement des « Ofkeliler » (Les Indignes), les réseaux sociaux deviennent centraux dans la diffusion de l’information, au cœur de la réussite des mouvements du parc de Gezi.
L’opinion publique a clairement vu l’attitude honteuse des médias traditionnels ayant pratiqués un black-out total lors des mouvements. Cette attitude, bien connue des mouvements politiques opposés a été rendue visible pour la première fois dans l’histoire du pays. Le quasi totalité des médias traditionnels a préférée de diffuser des documentaires sur la nature plutôt que des images des milliers de citoyens protestant et subissant la violence excessive des forces de l’ordre.
La grande différence de ce mouvement civil porté par les réseaux sociaux par rapport à ceux d’avant réside dans le fait qu’il ait pu profiter d’une qualité que l’on peut nommer de “densité de communication”. Et ceci est dû au fait que les centaines de milliers de manifestants ont été filmés et/ou photographiés par les dizaines de milliers qui se trouvaient parmi eux. Cette situation a leurré l’attitude habituelle des médias à minimiser, maximiser ou erroné l’information. Dans ce contexte, les médias sociaux ont remplis avec une efficacité extraordinaire le vide produit par les médias traditionnels et ont soutenu les citoyens qui ont fait usage de leur droit de participation civile aussi bien au niveau macro que micro. Ce support a été tellement efficace que le Premier Ministre Recep Tayyip Erdogan, malgré le fait que la quasi-totalité de ses collègues soient des usagers de Twitter, a désigné Twitter comme “le casse pieds du peuple”. Les réseaux sociaux sont devenus le bouc émissaire. Une tentative de pointer la précarité des médias sociaux a été entreprise en sélectionnant 10-20 photos et vidéos d’auteur inconnu parmi les milliers de contenus auditifs et visuels, alors qu’une société démocratique devrait mettre en avant son rôle à minimiser l’inégalité d’information au lieu de le dénoncer comme les boucs émissaires du peuple.
Finalement, nous devons préciser nos inquiétudes face à l’utilisation des nouveaux médias ainsi qu’à notre approche à ces derniers. Il est impératif d’avoir une réflexion approfondie sur les raisons et les solutions possibles de ces craintes.
1. Dans le cas d’une censure, d’un blocage d’accès appliqué par l’état ou par une entreprise ou l’utilisation de DPI, le citoyen est réduit à utiliser Twitter et Facebook. Le cas où l’usage de l’Internet est réduit à l’usage de Facebook ou Twitter.
2. L’absence d’information à propos des moyens d’accès alternatifs à l’Internet et l’encryptage mise à part le monopole TTNET à la tête qui ne respecte pas la neutralité de réseau du citoyen.
3. Le manque de développement et de diffusion de logiciels libres en ligne pour les activistes.
4. La présence et le renforcement de la surveillance dans les environnements des nouveaux médias.
5. La production de discours de haine du gouvernement et principalement du Premier Ministre Recep Tayyip Erdogan au sujet des médias sociaux.
6. Si les réseaux sociaux vont jouer des rôles d’espace public, que les différents groupes possédants de différentes convictions et idées se conglomèrent sous des différents hashtags, qu’une culture de négociation puisse se développer si les semblants se retrouvent. En ajout à ce phénomène, la production de discours non civiques et insultants de la part des branches des jeunes membres des parties politiques.
7. En plus de tout cela, la déclaration du gouvernement en rapport à Internet et les réseaux sociaux, “si on voulait on aurait pu couper l’accès”, et aussi inquiétant.
L’obligation de développer des outils en ligne pour les activistes
La communication lors du mouvement a essentiellement circulé via Twitter dont les responsables ont annoncé, suite au début des mouvements, qu’ils n’allaient pas bloquer leurs utilisateurs en Turquie. Bien qu’il y a eu des coupures de temps en temps, rien ne laisse à penser que c’est Twitter qui a mis en place des blocages. Par ailleurs, en référence aux inquiétudes citées plus haut, le gouvernement n’a pas mis en place un blocage ou une coupure totale.
Par ailleurs, l’importance du destin des réseaux permettant la communication et l’organisation devenues quasi synonyme avec le mouvement, est si grande, qu’il ne peut être livré ni à Twitter ni à quelconque autre média commercial. Ainsi, en cas de blocage, la connaissance des médias alternatifs, le développement de nouveaux outils et l’accès à des moyens permettant la continuité du réseau est cruciale. Nous avons une expérience quant à ce type de coupure depuis le blocage catastrophique lors du printemps arabe. Couper la communication vers le monde extérieur fut le premier pas avant le renforcement de la violence et même de tentatives de massacre.
Un moyen de lutter contre les coupures peut être d’établir des moyens d’accès Internet à travers les lignes téléphoniques et de mettre en place, de la façon la plus anonyme possible, des sous réseaux distribués. Le(s) réseau(x) auxquels les volontaires vont pouvoir participer par le biais d’un téléphone et d’un modem à accès par ligne commutée ou par le biais d’applications à accès par ligne commutée téléchargeables sur un téléphone mobile peut faciliter largement les choses. De plus, la présence de nœuds puissants sur ce réseau qui va établir rapidement les connections avec le monde et va fournir un afflux d’information et de connaissance peut faciliter les choses. Les STK bénévoles ou les institutions médiatiques peuvent être contactés à ce propos.
Il existe différents types d’alternative en cas de censures appliquées aux médias. indeti.ca est un bon alternatif de micro-blog. Outre les sites de blog/photoblog tel WordPress et Tumblr, le développement d’outils permettra de franchir les blocages totaux. Ces outils doivent être portables, pouvant s’installés rapidement et facilement, tout en permettant de diffuser l’information par le biais d’email/tweet/sms
Le service, sms2tweet, fournit par EMO est une démarche considérable. Cette expérience doit à coup sûr être considérée. D’ailleurs, le service Twitter SMS est accessible même hors connexion Internet, il permet donc le partage d’information via tous les opérateurs en Turquie. L’utilisation de cette fonction est expliquée sur les sites web des opérateurs.
Nous voulons vous informer brièvement à propos des moyens d’accès Internet alternatifs, en cas de coupures Internet par interventions du gouvernement
En cas de coupure Internet en Turquie des numéros dial-up pour atteindre le monde:
Tel. No: 0046850009990 User: telecomix Password: telecomix
Tel. No: 00492317299993 User: telecomix Password: telecomix
Tel. No: 004953160941030 User: telecomix Password: telecomix
Tel. No: 0033172890150 User: toto Password: toto
Tel. No: 0046708671911 User: toto Password: toto
Tel. No: 0031205350535 User: xs4all Password: xs4all
SMS et Tweet
Vous pouvez écrire “EMO” espace “votre message” et envoyer le sms au 4730. Les messages que vous enverrez ici seront publiés sur Twitter.
Les informations VPN
En utilisant ces informations vous pouvez faire un accès VPN et franchir la censure dans l’environnement Internet:
Nom d’utilisateur: vpnbook Password: rac3vat9
1. Server #1: euro1.vpnbook.com (Anonymous VPN)
2. Server #2: euro2.vpnbook.com (Anonymous VPN)
3. Server #3: uk1.vpnbook.com (UK VPN – optimized for fast web surfing; no p2p downloading)
4. Server #4: us1.vpnbook.com (US VPN – optimized for fast web surfing; no p2p downloading)
Source:
http://www.alternatifbilisim.org/wiki/Kesinti_ve_Sans%C3%BCr_Durumunda_Alternatif_Eri%C5%9Fim_Yollar%C4%B1
l’Association de L’Informatique Alternative
Le pouvoir des médias sociaux – L’impuissance des médias traditionnels #direngeziparkı #direnankara, #direnizmir : Une évaluation de l’Association de L’Informatique Alternative
Haziran 18, 2013Suite à la décision de la Municipalité d’Istanbul de détruire le parc de Gezi, situé dans le quartier de Taksim à Istanbul, dans le but de le remplacer par un centre commercial, les Stambouliotes se sont appropriés leur espace et se sont exprimés suite à l’exclusion de l’opinion du peuple lors des décisions concernant leur ville. Comme dans toute société démocratique, le peuple a fait appel à sa liberté d’expression et de réunion en occupant les lieux de façon pacifique. Les forces de police ont répliqué en faisant usage de grenades ou de gaz lacrymogènes le 30 puis le 31 mai. Cette démonstration de force et de violence autant excessives que disproportionnées n’a fait qu’accroître le soutien de l’opinion public et s’est manifesté d’une part par l’émergence de « sujets tendance » #direngeziparkı et #occupygezi sur Twitter et de l’autre par la création de divers groupes sur Facebook sous la banderole « Protégeons le parc Gezi ». L’après-midi du 31 mai, suite à l’intensification des violences policières contre les citoyens exerçant leur droit de manifester à Taksim, les protestations citoyennes se sont répandues dans plusieurs villes. Lors de ces événements, les médias traditionnels ont tenté de passer la violence policière sous silence en raison des liens forts entre leurs capitaux et le gouvernement ou simplement de leur peur de la réaction intolérante d’AKP à toute critique socio-politico-culturelle ou économique. Lorsque les médias ont couvert les événements, ils n’ont pas endossé un autre rôle que celui de rapporter fidèlement le discours officiel, provocateur et intolérant des dirigeants, sans se remettre en question. En réaction à cela, les citoyens de tous les coins de la Turquie se sont retournés vers Internet et en particulier vers les réseaux sociaux Facebook et Twitter, pour s’informer sur les événements. L’après-midi du 31 mai, la manifestation contre les violences policières ayant débuté et poursuivant à Istanbul sur la place Taksim fut organisée de façon solidaire sous les hashtags #direngeziparkı et #occupgezi,. De la même manière, les citoyens qui se sont rassemblés de façon paisible sur les places, et notamment dans le parc Kuğulu à Ankara et Güven à Izmir, ont été confrontés à l’usage disproportionné des violences policières reflétant ainsi l’application du pouvoir coercitif de l’État.
Par la suite, l’usage des médias sociaux s’est intensifié pour diffuser, dénoncer au public la violence des forces de la police et lancer des appels à l’aide au sein de chaque ville concernée.
À ce stade, les médias sociaux en Turquie s’est transporté dans les places, et la séparation habituelle médias sociaux – rues fut outrepassée. Le silence prolongé des radios et télévisions grand public, malgré le grand nombre de citoyens descendant dans la rue, a poussé ces derniers à se retourner vers les médias sociaux comme seule source d’information.
Le pourquoi et le comment de la démarche journalistique citoyenne par la médiation des médias sociaux #korkakmedya et #bugüntelevizyonuaçmıyoruz
Le 31 Mai, à Istanbul, la violence policière ayant duré toute la nuit, s’est propagée de Taksim à Beşiktaş poussant encore plus de citoyens, hommes ou femmes de tous âges, appartenant à différents corps de métiers et de visions ou d’appartenances politiques diverses à protester dans les lieux publics, sans organisation préalable, contre les violences policières ainsi que l’absence de volonté politique du gouvernement.
Face à la croissance de la violence policière, des balises spécifiques à chaque ville ont été crée sur Twitter pour se solidariser, coordonner les appels d’aide, diffuser les besoins urgents émanant de milliers de manifestants, documenter et collecter les preuves de la violence policière et surtout assurer un relai d’information vers les personnes ne pouvant les suivre qu’à travers les médias sociaux.
Les murs Facebook ont été le relai indéniable d’un très grand nombre d’images et de vidéos prises sur les lieux en permettant de documenter les preuves des violences policières. Les informations concernant la coordination de l’assistance médicale ainsi que la localisation des abris mise en place pour les victimes des bombes lacrymogènes furent également véhiculées via Facebook. Les citoyens ont ainsi comblé le silence des médias grand public par le biais des médias sociaux. C’est pour la première fois que la communication de masse autocentrée a connue une si forte participation en Turquie.
De nouvelles balises ont été développées au fur et à mesure des événements. Lorsque le samedi 1er Juin, les usagers du fournisseur d’accès TTNET ont constatés qu’ils ne pouvaient plus accéder à Twitter et Facebook, des nouveaux balises #VPN et #DNS ont vu le jour permettant aux usagers de partager les moyens de contourner l’obstacle DPI que TTNET applique de façon officieuse en Turquie. Ceci a occasionné un partage de connaissances autour de l’utilisation de l’Internet.
Dans les médias sociaux, une communication de masse autocentrée a également vu le jour à travers diverses applications de téléphonie mobile. Ce journalisme civil apparu suite à une communication de masse autocentrée est la preuve de sa nécessité en Turquie où les médias grand public sont sujets à la censure et à l’autocensure sous le régime d’AKP.
Concernant les bénéfices et les disfonctionnements de l’usage des médias sociaux lors des regroupements
L’analyse de cet événement historique que l’on pourrait nommer “Le mouvement du parc de Gezi ”, laisse entrevoir des dynamiques importantes quant au rôle facilitateur des médias sociaux lors des mouvements de regroupement. Internet et surtout les médias sociaux se sont imposés comme une plateforme de communication et d’interaction indispensable aux manifestants des différentes villes de toute la Turquie. Les efforts fourni par les individus sensibles au mouvement ont permis d’atteindre rapidement un grand nombre de personnes en les consultant et en engendrant une opinion publique, sans aucune contrainte temporelle ou spatiale. Cela a permis de se rassembler pour premièrement protéger le parc avec un but commun et ensuite de se manifester sur les lieux publics. Ces actions se sont propagées aux quatre coins du pays hors du contrôle de ceux en dehors du mouvement grâce à l’effet foudroyant des réseaux.
Ainsi, la tranche de la société n’ayant pas pu participer à la gestion ou n’ayant pas pu exprimer leur opinion en raison de l’attitude hégémoniste adoptée par le gouvernement a bénéficié des possibilités offertes par les médias sociaux de la façon suivante:
1. En vue des médias grand public qui se sont prosternés devant le gouvernement en les soutenant par silence, nous avons assisté non seulement à l’usage de l’interactivité du média comme l’unique et l’inconditionnel alternatif mais également à sa célébration.
2. La convergence des différents environnements du média (Facebook, Twitter, Instagram, parmi les plus connus) a permis le partage des médias et textes de façon simultanée et plurilatérale tout en créant des slogans très créatifs.
3. Le journalisme civil a permis la circulation d’un flot d’informations dénonçant l’attitude conflictuelle ainsi que le violences policières excessives en engendrant des preuves, blogs et citations (avec Eksisozluk en tête). Des bases de données se mettant à jour rapidement ont été établies.
4. Lors des situations d’urgence, les informations ainsi que leurs sources ont été partagées avec une grande efficacité par l’intermédiaire des programmes en accès libres. Ces programmes ainsi que leurs codes sources ont été partagés dans les médias sociaux.
5. Des informations à propos des réglages DNS et VPN en accès libre ont été propagées pour contrecarrer le danger d’un blocage d’Internet ou des dispositifs de médias sociaux.
6. Mis à part tout son sérieux, sa gravité et sa fonctionnalité, Internet et les médias sociaux ont joués un grand rôle dans la conservation de l’air carnavalesque du mouvement et de la résistance. Les réseaux sociaux et Internet ont également endossé le rôle d’une machine d’ironie contre le découragement et l’effondrement par les utilisateurs ayant subit des violences excessives, ayant été blessés, placés en garde à vue ou ayant perdu des proches. L’humour dénonçant l’oxymore vécu avec le gouvernement a été utilisé de façon ingénieuse pour un renversement symbolique du gouvernement. Le renversement des symboles et expressions émanant du gouvernement, ainsi que des codes, des nom sociaux et d’enseignes (“LeParcQuiFrappe” (“DövenPark”), “Hilmi au TOMA” (“Tomalı Hilmi”), “GazıLay”, “Véhicule d’Intervention aux Evénements de la Police à vendre par son propriétaire” (“Sahibinden Satılık PolisOlaylarınaMüdahaleAracı”) a joué un rôle indéniable dans le “dépassement du seuil de la peur” même dans les moments les plus sombres. Des exemples de panneaux d’imaginaire grotesque soutenant cet air carnavalesque se sont multipliés: un chien disant “je chierai dans le centre commercial à défaut d’un parc” ou “un gouvernement laissant fuir autant de gaz n’est pas loin de se chier dessus”. Les témoignages de récits comiques diffusés sur Internet ont permis la formation de mythes propre à la résistance. Le langage unificateur et guérisseur de l’humour et de l’ironie ont trouvé écho dans le jargon des manifestations. Les manifestants ont utilisé de façon exemplaire le pouvoir rassurant et réparateur de l’humour contre la rage et la haine. Certains ont appelé la police pour commander des bombes lacrymogènes, d’autre le service clientèle de CNN-Turc pour annoncer “qu’ils étaient à la manifestation et qu’ils ont raté le documentaire sur les pingouins”. Cependant, le contenu sexiste, insultant et discriminatoire de certains panneaux, écritures murales ou objets humoristiques doit être noté comme un mauvais point. Voici des adresses rassemblant des contenus humoristiques:
http://duvardageziparki.tumblr.com/
http://ismetberkan.blogspot.com/2013/06/bu-da-eylemin-duvar-yazlar-arsivi.html?spref=tw
Malgré l’atmosphère ouverte à la discussion et à l’interaction en direct des médias sociaux, des pratiques d’usages des médias sociaux hors éthique, ayant pour but de détourner la position idéologique du mouvement civil de “Protège le Parc de Gezi” a fait surface.
1. Quand il est question de mouvements sociaux qui se cristallisent à travers l’organisation distribuée et décentralisée des réseaux, l’afflux d’information prend une ampleur anormale, ce qui peut provoquer des nuisances à la compréhension des faits et de l’état du mouvement.
2. Le fait que les environnements collectant et rassemblant l’afflux d’informations soulevé ci-dessus soit nombreuse et manquant d’actualités peut provoquer un doute quant à la confiance à attribuer à ces ressources lors des actions et coordinations.
3. à cause de l’utilisation des hashtags, la liberté de partage illimitée et la possibilité de réaction engendrent la production de visions radicales ainsi qu’à leurs proliférations, il a été possible de rencontrer des messages de haines et d’appel au crime.
4. En Turquie, des censures et des interventions à l’afflux de données ont été appliqués à intervalles réguliers par ceux détenant le pouvoir dans les réseaux sociaux; le fait que cette censure puisse être vécue en temps-réel pendant les mouvements sociaux peut engendrer une panique au sein de la masse.
5. Surtout dans le média de Twitter, sous le nom de “Trending Topics” (sujets tendances) des informations erronées ou transformées ont été mises en circulation, ce qui peut contribuer à affaiblir la confiance sociale envers les chefs de convictions et les journalistes civiles.
Certains usagers ont essayé de tromper l’opinion publique en utilisant les balises créées dans les réseaux sociaux. En particulier, certains contenus concernant des blessés graves ou des nouvelles de décès a été sujet à des tentatives de manipulations de la part des usagers de réseaux sociaux dû à la rapidité et à l’interactivité inhérentes à ces derniers. Des contenus canular dénonçant la démission de certains policiers suite à l’usage excessif de la violence ont aussi été partagés dans les réseaux sociaux. Il a été démontré que des numéros de téléphones portables ou autre précisant des adresses de refuges et de soutiens communiqués aux blessés n’étaient pas fiables et que ces tromperies avaient été menées par la police.
L’importance du “leadership d’opinion” et de la crédibilité de la provenance de l’information a encore une fois était soulevée. Les tweets et les partages des spécialistes, des adhérents du vieux médias traditionnels ayant adoptés les nouveaux médias, des artistes et des députés (surtout de Sirri Süreyya Önder de BDP) soutenant la plateforme “Protège le parc de Gezi” prévenaient les citoyens de la désinformation en partageons les justes informations. Pour contrecarrer l’absence d’éthique lors de l’usage de des médias sociaux, l’usager, doit garder son sang froid et trancher quant à la fiabilité de la source en la vérifiant au moins deux fois avant de le partager. Le fait que les médias grand public n’aient pas accompli leur mission a provoqué la désinformation dans les réseaux sociaux.
Précisons le succès des hashtags #direngeziparkı, #direnankara et #direnizmir en ce qui concerne le rassemblement des preuves de l’usage excessif et disproportionné des violences policières, en partageant, en recherchant des informations ayant permis de naviguer de lien en lien avec les Url. Un réflexe a ainsi été développé grâce à ces contenus de bonne qualité contre la désinformation. La nécessité de collecter des preuves, des documents, des images, des vidéos au sujets des violations des droits de l’homme, des décès, des blessés, des attaques, des coupures de connexion, de l’usage de produits chimiques etc. a été saisit in situ et a été effectué par le biais des appareils de nouveaux médias, principalement les téléphones portables, les smartphones et les tablettes par les citoyens actifs dans l’espace public et a ensuite été partagé, grâce à la caractéristique de convergence de la technologie, de manière simultanée avec leurs abonnés à travers leurs comptes des réseaux sociaux, regrouper par le biais des hashtags ce qui a permis la propagation de ces contenus.
Voici des exemples :
Cartes
http://occupygezimap.com/
https://maps.google.com/maps/ms?ie=UTF8&hl=en&oe=UTF8&msa=0&msid=207368859026831467268.0004de2d26a9994c4487d
https://maps.google.com/maps/ms?msid=206122379597057837901.0004de19c2ae58890f32d&msa=0&ll=40.446947%2C36.320801&spn=14.618272%2C33.815918
http://www.itusozluk.com/atlas
https://crowdmap.com/map/turkiyebahari
Preuves de la violence excessive et disproportionnée
http://delilimvar.tumblr.com/
http://direnizmir.tumblr.com/post/51971813039/izmirde-polis-gercegi-birinci-agizdan
Contact: Boğaziçi Radyo
http://live.arkent.web.tr/
Transmission mobile via Ankara:
http://www.ustream.tv/channel/ozererdogan?utm_campaign=ustre-am&utm_source=14648115&utm_medium=social
http://www.ustream.tv/channel/uguroz?utm_campaign=t.co&utm_source=14664261&utm_medium=social
Tant que l’Internet mobile à haut débit fonctionne, les diffusions en direct réalisées à travers les plateformes de live streaming comme Ustream, font d’une part ce que les médias traditionnels n’arrivent pas à faire (ou ne font pas), et permettent de dépasser d’autre part, la désinformation sur les réseaux sociaux. Lorsqu’il n’est plus possible de faire cette transmission en direct, l’enregistrement et la centralisation d’un grand nombre de vidéos et de photos jouent un rôle crucial dans la constitution d’un corpus de preuve. La question est ainsi celle de la difficulté de faire ces enregistrements lors des interventions et/ou des émeutes. Pour que les enregistrements partiels de ces moments de panique puissent constituer une preuve valable, il est nécessaire de les réunir et assembler les différents points de vue a postériori. Il s’agit ici d’un nouveau type de contenus, ceux produits par les utilisateurs que l’on peut appeler prosommateur (issu du mot anglais prosumer, qui décrit la professionnalisation des consommateurs dans la production de l’information). La production de contenu par les utilisateurs en Turquie ne saurait que croître dans ce contexte où les médias traditionnels refusent de couvrir les événements et appliquent l’autocensure.
Le rôle des médias sociaux dans la lutte contre l’inégalité de l’information
Le plus grand avantage des gouvernements lors des mouvements citoyens pacifistes réside dans l’inégalité de l’information (information asymétrie). C’est le fait que les informations soient centralisées par le gouvernement, et ne soient pas transmises vers les citoyens qui s’opposent en se servant de leur droit civil, à celui-ci. L’information en question peut être aussi bien d’un niveau macro, que d’un niveau micro. Au niveau Macro, ces informations consistent aux analyses faites à l’échelle nationale et internationale, et aux actualités dans les autres régions géographiques. Au niveau Micro, se situent les informations à propos de l’état des blessés, des directions pour s’échapper ainsi que la localisation des forces policières.
Le gouvernement peut généralement accéder sans difficulté, aux informations tant au niveau macro que micro. Dans cet environnement où les moyens de communications sont abondamment utilisés par les citoyens, les forces policières qui obéissent à une organisation verticale, tentent de réprimer les mouvements civils par la violence ou la menace de celle-ci.
Toutefois, cette organisation n’est pas valable dans le cas des citoyens. Dans la plupart des cas, les citoyens qui suivent une démarche pacifiste, ne se connaissent pas entre eux. C’est une des raisons pour lesquelles leur capacité à communiquer avec ces niveaux micro et macro à travers les outils numériques est limité. Les médias traditionnels tels que la télévision ou la radio représentent les principales sources d’information au niveau macro. Cependant, le droit de s’informer des citoyens n’est pas respecté de la même façon dans différents pays.
Ces dernières années, ce phénomène est en train de se transformer. Le développement des réseaux sociaux rapproche progressivement les moyens de communication des citoyens à ceux des gouvernements, qu’il s’agisse d’un niveau macro ou micro. La prolifération des appareils mobiles possédant une connexion Internet a augmenté de façon extraordinaire la capacité d’action aux moments des événements. Les applications comme Twitter et Facebook ont participées à franchir la difficulté qu’avaient auparavant les citoyens à se connaitre entre eux. Contrairement aux outils de communication bidirectionnelle comme les téléphones portables, les applications web comme Twitter diffusent un message à un nombre illimité, satisfaisant ainsi parfaitement les besoins des citoyens en informations, à la fois aux niveaux macro et micro. Toutefois, cela reste valable uniquement pour les utilisateurs d’Internet. Une très grande part de la population qui n’a pas accès à Internet dépend encore des informations fournies par les médias traditionnels.
Dans le mouvement de la protection du parc de Gezi, les citoyens ont détournés l’inégalité d’information contre le gouvernement, en leur propre faveur. Ayant joués un rôle important lors des soulèvements Arabes et le mouvement des « Ofkeliler » (Les Indignes), les réseaux sociaux deviennent centraux dans la diffusion de l’information, au cœur de la réussite des mouvements du parc de Gezi.
L’opinion publique a clairement vu l’attitude honteuse des médias traditionnels ayant pratiqués un black-out total lors des mouvements. Cette attitude, bien connue des mouvements politiques opposés a été rendue visible pour la première fois dans l’histoire du pays. Le quasi totalité des médias traditionnels a préférée de diffuser des documentaires sur la nature plutôt que des images des milliers de citoyens protestant et subissant la violence excessive des forces de l’ordre.
La grande différence de ce mouvement civil porté par les réseaux sociaux par rapport à ceux d’avant réside dans le fait qu’il ait pu profiter d’une qualité que l’on peut nommer de “densité de communication”. Et ceci est dû au fait que les centaines de milliers de manifestants ont été filmés et/ou photographiés par les dizaines de milliers qui se trouvaient parmi eux. Cette situation a leurré l’attitude habituelle des médias à minimiser, maximiser ou erroné l’information. Dans ce contexte, les médias sociaux ont remplis avec une efficacité extraordinaire le vide produit par les médias traditionnels et ont soutenu les citoyens qui ont fait usage de leur droit de participation civile aussi bien au niveau macro que micro. Ce support a été tellement efficace que le Premier Ministre Recep Tayyip Erdogan, malgré le fait que la quasi-totalité de ses collègues soient des usagers de Twitter, a désigné Twitter comme “le casse pieds du peuple”. Les réseaux sociaux sont devenus le bouc émissaire. Une tentative de pointer la précarité des médias sociaux a été entreprise en sélectionnant 10-20 photos et vidéos d’auteur inconnu parmi les milliers de contenus auditifs et visuels, alors qu’une société démocratique devrait mettre en avant son rôle à minimiser l’inégalité d’information au lieu de le dénoncer comme les boucs émissaires du peuple.
Finalement, nous devons préciser nos inquiétudes face à l’utilisation des nouveaux médias ainsi qu’à notre approche à ces derniers. Il est impératif d’avoir une réflexion approfondie sur les raisons et les solutions possibles de ces craintes.
1. Dans le cas d’une censure, d’un blocage d’accès appliqué par l’état ou par une entreprise ou l’utilisation de DPI, le citoyen est réduit à utiliser Twitter et Facebook. Le cas où l’usage de l’Internet est réduit à l’usage de Facebook ou Twitter.
2. L’absence d’information à propos des moyens d’accès alternatifs à l’Internet et l’encryptage mise à part le monopole TTNET à la tête qui ne respecte pas la neutralité de réseau du citoyen.
3. Le manque de développement et de diffusion de logiciels libres en ligne pour les activistes.
4. La présence et le renforcement de la surveillance dans les environnements des nouveaux médias.
5. La production de discours de haine du gouvernement et principalement du Premier Ministre Recep Tayyip Erdogan au sujet des médias sociaux.
6. Si les réseaux sociaux vont jouer des rôles d’espace public, que les différents groupes possédants de différentes convictions et idées se conglomèrent sous des différents hashtags, qu’une culture de négociation puisse se développer si les semblants se retrouvent. En ajout à ce phénomène, la production de discours non civiques et insultants de la part des branches des jeunes membres des parties politiques.
7. En plus de tout cela, la déclaration du gouvernement en rapport à Internet et les réseaux sociaux, “si on voulait on aurait pu couper l’accès”, et aussi inquiétant.
L’obligation de développer des outils en ligne pour les activistes
La communication lors du mouvement a essentiellement circulé via Twitter dont les responsables ont annoncé, suite au début des mouvements, qu’ils n’allaient pas bloquer leurs utilisateurs en Turquie. Bien qu’il y a eu des coupures de temps en temps, rien ne laisse à penser que c’est Twitter qui a mis en place des blocages. Par ailleurs, en référence aux inquiétudes citées plus haut, le gouvernement n’a pas mis en place un blocage ou une coupure totale.
Par ailleurs, l’importance du destin des réseaux permettant la communication et l’organisation devenues quasi synonyme avec le mouvement, est si grande, qu’il ne peut être livré ni à Twitter ni à quelconque autre média commercial. Ainsi, en cas de blocage, la connaissance des médias alternatifs, le développement de nouveaux outils et l’accès à des moyens permettant la continuité du réseau est cruciale. Nous avons une expérience quant à ce type de coupure depuis le blocage catastrophique lors du printemps arabe. Couper la communication vers le monde extérieur fut le premier pas avant le renforcement de la violence et même de tentatives de massacre.
Un moyen de lutter contre les coupures peut être d’établir des moyens d’accès Internet à travers les lignes téléphoniques et de mettre en place, de la façon la plus anonyme possible, des sous réseaux distribués. Le(s) réseau(x) auxquels les volontaires vont pouvoir participer par le biais d’un téléphone et d’un modem à accès par ligne commutée ou par le biais d’applications à accès par ligne commutée téléchargeables sur un téléphone mobile peut faciliter largement les choses. De plus, la présence de nœuds puissants sur ce réseau qui va établir rapidement les connections avec le monde et va fournir un afflux d’information et de connaissance peut faciliter les choses. Les STK bénévoles ou les institutions médiatiques peuvent être contactés à ce propos.
Il existe différents types d’alternative en cas de censures appliquées aux médias. indeti.ca est un bon alternatif de micro-blog. Outre les sites de blog/photoblog tel WordPress et Tumblr, le développement d’outils permettra de franchir les blocages totaux. Ces outils doivent être portables, pouvant s’installés rapidement et facilement, tout en permettant de diffuser l’information par le biais d’email/tweet/sms
Le service, sms2tweet, fournit par EMO est une démarche considérable. Cette expérience doit à coup sûr être considérée. D’ailleurs, le service Twitter SMS est accessible même hors connexion Internet, il permet donc le partage d’information via tous les opérateurs en Turquie. L’utilisation de cette fonction est expliquée sur les sites web des opérateurs.
Nous voulons vous informer brièvement à propos des moyens d’accès Internet alternatifs, en cas de coupures Internet par interventions du gouvernement
En cas de coupure Internet en Turquie des numéros dial-up pour atteindre le monde:
Tel. No: 0046850009990 User: telecomix Password: telecomix
Tel. No: 00492317299993 User: telecomix Password: telecomix
Tel. No: 004953160941030 User: telecomix Password: telecomix
Tel. No: 0033172890150 User: toto Password: toto
Tel. No: 0046708671911 User: toto Password: toto
Tel. No: 0031205350535 User: xs4all Password: xs4all
SMS et Tweet
Vous pouvez écrire “EMO” espace “votre message” et envoyer le sms au 4730. Les messages que vous enverrez ici seront publiés sur Twitter.
Les informations VPN
En utilisant ces informations vous pouvez faire un accès VPN et franchir la censure dans l’environnement Internet:
Nom d’utilisateur: vpnbook Password: rac3vat9
1. Server #1: euro1.vpnbook.com (Anonymous VPN)
2. Server #2: euro2.vpnbook.com (Anonymous VPN)
3. Server #3: uk1.vpnbook.com (UK VPN – optimized for fast web surfing; no p2p downloading)
4. Server #4: us1.vpnbook.com (US VPN – optimized for fast web surfing; no p2p downloading)
Source:
http://www.alternatifbilisim.org/wiki/Kesinti_ve_Sans%C3%BCr_Durumunda_Alternatif_Eri%C5%9Fim_Yollar%C4%B1
l’Association de L’Informatique Alternative
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mutlu binark tarafından yazıldı